volume 3 number 2 spring 2024
tome 3 numéro 2 printemps 2024
Les temps difficiles exigent des enquêtes rigoureuses et des idées audacieuses
Introduction au numéro du printemps 2024
Patricia W. Elliott, Rédactrice en chef
À l’aube de 2024, les défis auxquels sont confrontés le journalisme et l’enseignement du journalisme au Canada sont considérables. En février, Bell Canada – un géant des télécommunications qui possède des stations de radio et de télévision – a licencié 100 travailleurs des médias et supprimé les émissions d’information locales du week-end et du midi dans les stations de CTV situées en dehors des grands centres urbains du Canada central (Hudes, 2024). Après la perte de 600 emplois à la CBC à la fin de l’année 2023 et la suspension ou la fermeture de six programmes de journalisme canadiens, notre discipline semblait en chute libre (Colley, 2024 ; Benchetrit, 2023). Ici, en Saskatchewan, où je vis et où j’enseigne le journalisme à l’Université des Premières Nations du Canada, un moment particulièrement décourageant a été d’apprendre que l’un de nos jeunes journalistes autochtones les plus en vue, Creeson Agecoutay, chef du bureau de CTV Atlantic, faisait partie des personnes licenciées (Broadcast Dialogue, 2024). Un autre impact local notable a été la transformation d’Indigenous Circle, qui a été diffusé pendant 24 ans sous la forme d’une émission hebdomadaire d’une demi-heure sur CTV, puis a été raccourci pour devenir un centre d’information du week-end en 2018, et est maintenant coincé avec toutes les autres nouvelles de la semaine à 18 heures (Bird, 2024). De Whitehorse à St. John’s, de nombreux communautés ont connu des pertes particulièrement douloureuses. Si l’on ajoute à cela le blocus de Meta News et des milliers de suppressions d’emplois supplémentaires aux États-Unis, nous nous trouvons dans une situation précaire.
Il est bien établi que le journalisme est un fondement de la démocratie, un élément central de l’engagement des citoyens au niveau local et un antidote vital à la désinformation. Nous n’avons donc pas le choix de lever les bras au ciel et de fermer la porte à la prochaine génération d’enquêteurs et de conteurs. Aujourd’hui, plus que jamais, la formation et la recherche en journalisme sont nécessaires pour mettre en lumière les problèmes et explorer les voies à suivre. Ce numéro de Faits et Frictions s’inscrit dans cette démarche.
Notre premier article, “Missed opportunities for community engagement: An examination of the government-funded Local Journalism Initiative,” examine l’intervention financière de première ligne d’Ottawa pour soutenir le journalisme local (Konieczna & Giradin, 2024). Après avoir analysé 100 documents publics et 240 articles, et mené des entretiens auprès de six organes de presse bénéficiaires, les auteurs Magda Konieczna et Béatrice Girardin concluent que le programme fédéral manque une occasion importante de transformer l’information locale en une pratique plus innovante et plus inclusive. Parmi les limites du programme, les auteures notent que “le langage entourant l’Initiative de journalisme local se concentre sur les besoins des organismes de presse eux-mêmes, plutôt que sur la satisfaction des besoins des communautés” (p. 19) Les mesures gouvernementales l’emportent sur les besoins d’information des communautés, observent-elles, ce qui se traduit par une couverture qui alimente le régime d’information existant plutôt que d’établir un lien avec de nouveaux publics avides d’histoires manquantes, y compris la couverture des communautés géographiquement et socialement isolées.
Néanmoins, Knoniecza et Giradin ont observé des rédacteurs en chef locaux qui repoussent les limites des contraintes du programme. Par exemple, un journaliste financé par l’IJL s’est plongé dans un problème communautaire pressant, produisant une série spéciale en 32 parties sur les dépendances et la santé mentale. Cependant, la décision de consacrer du temps à une recherche approfondie, axée sur la confiance et l’engagement de la communauté, a enfreint l’exigence de l’IJL de publier cinq à sept articles par semaine et, selon le rédacteur en chef, est à l’origine du non-renouvellement de son financement, malgré l’impact positif de l’article sur les décideurs politiques du gouvernement. Un balado produit par des adolescents est un autre exemple, réalisé sous la direction du groupe de coordination de la télévision communautaire CACTUS Media, qui a encouragé les journalistes financés par l’IJL à inclure l’autonomisation des médias communautaires basés sur le volontariat dans leur pratique quotidienne, bien que cela ne fasse pas partie des critères de l’IJL.
Les auteures affirment que l’IJL pourrait mieux réussir à améliorer sensiblement le paysage médiatique local si elle tenait compte de ces exemples de pratiques différentes. Au lieu de cela, bien que l’IJL ait financé des centaines de journalistes au cours de la période étudiée, ce qui s’est traduit par une couverture plus locale des questions civiques, le potentiel d’innovation du programme au-delà du statu quo a été limité par des objectifs restreints, conclut l’article. Cette conclusion mérite d’être notée par les décideurs fédéraux, car elle offre des conseils précieux pour guider le récent renouvellement du programme.
Il n’a jamais été aussi essentiel de trouver des moyens efficaces pour revitaliser les déserts d’information en expansion au Canada. Dans “From public deficits to public defects: How journalists embraced technocratic explanations for the Post-Truth Era,” Gordon Katic attire notre attention sur le fléau de la désinformation qui fausse le discours social dans le monde entier (Katic, 2024). Katic observe que les journalistes ont le plus souvent présenté ce phénomène comme le résultat d’un public non critique facilement induit en erreur par des “faits alternatifs”, qui peut être ramené à la réalité grâce à un journalisme solidement fondé sur des preuves. Cependant, lorsque M. Katic a entrepris une analyse critique du discours des œuvres de six journalistes qui sont des voix importantes dans le domaine de la lutte contre la désinformation, un autre discours est apparu, moins charitable et plus pessimiste. M. Katic a inventé l’expression “modèle de défaut public” pour décrire une tendance croissante à présenter les membres du public comme étant si profondément enlisés dans des préjugés cognitifs qu’ils sont incapables de prendre en compte les preuves. “Cela crée une tension gênante : les journalistes enseignent à un public qu’ils croient incapable d’apprendre”, observe Katic (p. 34). En outre, certains journalistes ont détourné leur esprit critique de la dénonciation des pouvoirs de manipulation qui se cachent derrière la désinformation et la mésinformation, pour se tourner vers le sport qui consiste à “frapper” un public dont ils pensent qu’il a perdu le pouvoir de la raison. Ces deux attitudes placent les journalistes dans le rôle de technocrates dont la fonction première est d’interpoler entre des scientifiques/experts rationnels et un public irrationnel, et aucun de ces deux états d’esprit ne sert la démocratie, conclut M. Katic.
C’est une chose d’admettre que les pratiques inclusives et communautaires sont importantes pour l’avenir du journalisme ; c’en est une autre d’incorporer ces concepts dans la réalité d’une journée d’information (Daoust-Boisvert et al., 2024). Amélie Daoust-Boisvert, Emmanuelle Khoury et Pierre Pariseau-Legault reviennent sur l’expérience de la création d’ Écoute-moi, un podcast de deux épisodes consacré à la santé mentale. Dans leur note de recherche – “ Baladodiffusion et traumas médiatiques : Quels enjeux pour la mise en oeuvre de pratiques inclusives en journalisme ? “, le projet Écoute-moi est décrit comme une tentative de rapprochement entre la participation populaire et l’innovation journalistique. Les auteurs se penchent sur l’expérience consistant à réunir une équipe interdisciplinaire de participants, notamment des journalistes, des travailleurs sociaux et des membres de la communauté, pour créer ensemble les balados. Les auteurs notent qu’il s’est avéré difficile d’établir une collaboration qui satisfasse tous les participants, d’autant plus en pleine pandémie. Dans les évaluations postérieures au projet, certains participants ont déclaré que les attentes des divers groupes de participants différaient, ce qui a provoqué des tensions. Après réflexion, il est apparu clairement que le simple fait d’inclure des personnes ayant connu des problèmes de santé mentale ne suffit pas à garantir leur pleine participation, ni à réparer suffisamment le traumatisme passé d’une couverture médiatique déséquilibrée et stigmatisante. En ce sens, l’expérience a constitué une occasion d’apprentissage précieuse ; le projet a facilité un dialogue entre les mondes qui n’aurait pas eu lieu autrement, écrivent les auteurs.
Outre l’exploration de pratiques innovantes, les chercheurs en journalisme jouent un rôle crucial dans le suivi de l’évolution des médias. Le Local News Research Project, par exemple, utilise le crowd-sourcing pour cartographier les fermetures et les lancements de médias (Local News Research Project, 2024). Tyler W.S. Nagel complète la boîte à outils avec “Knowing their news : Library workers as informants to journalism studies research”, qui décrit la démarche de l’auteur auprès des bibliothèques rurales de l’Alberta (Nagel, 2024). À travers 88 réponses à l’étude, Nagel a constaté que les bibliothécaires disposent non seulement de données concrètes sur les journaux ruraux encore imprimés, mais aussi d’informations contextuelles importantes, comme le fait que les journalistes habitent ou non dans la région, un indicateur important de la présence d’un média de fond. L’étude a également permis à Nagel de découvrir des journaux ruraux dont il ignorait l’existence et de se faire une idée des attitudes locales quant à la qualité de la couverture médiatique. Cela permet de dresser un tableau plus complet, au-delà d’une liste de publications. “La méthodologie utilisée dans cet article prouve que les employés des bibliothèques sont des informateurs viables pour un recensement national”, suggère Nagel. “Si elles sont associées à d’autres techniques de recherche telles que les listes d’industries, les recherches dans les médias et les techniques de boule de neige, et si elles sont soumises à une vérification, les connaissances des employés de bibliothèque constituent une pierre angulaire importante pour un projet à grande échelle” (p. 50).
Pour boucler la boucle de cette introduction, je me souviens de W5, l’émission de journalisme d’investigation très réussie de CTV. Depuis 1966, W5 demandait sans relâche des comptes au pouvoir, jusqu’à ce que son annulation abrupte (ou son “évolution”, dans le jargon de l’entreprise) provoque une onde de choc dans tout le pays en février (Gheciu, 2024). W5 proposait le style de journalisme que Cecil Rosner met en lumière dans son dernier livre, Manipulating the Message : How Powerful Forces Shape the News, chroniqué par Tracy Sherlock. Sherlock écrit que le livre de Rosner est un avertissement : “Soutenez le journalisme et l’éducation aux médias ou vivez avec les conséquences” (Sherlock, 2024, p. 55). Décrivant les défis auxquels sont confrontés les journalistes d’aujourd’hui, M. Rosner espère que les lecteurs soutiendront de plus en plus les entreprises journalistiques indépendantes telles que The Narwal, The Tyee, et le National Observer du Canada, qui proposent des modèles économiques et des approches éditoriales alternatifs.
En effet, l’innovation fait également partie de l’histoire de 2024 jusqu’à présent. De nouvelles entreprises médiatiques lancent des initiatives journalistiques de grande qualité et de nouveaux publics se forment. Les écoles de journalisme se réorganisent et réapparaissent. De nouveaux programmes sont également lancés, comme la toute première licence en journalisme et communication autochtones, dévoilée en mars à l’Université des Premières Nations. Les enquêtes collaboratives sont un domaine en pleine expansion. En outre, le public commence à s’opposer aux effets de distorsion des médias sociaux, notamment par le biais d’une récente action en justice intentée par quatre conseils scolaires canadiens contre des entreprises de médias sociaux, en raison du coût de la gestion des conséquences des préjudices causés par les médias sociaux (Maharaj, 2024). Et tandis que l’interdiction des nouvelles de Meta se poursuit au Canada, les médias redécouvrent des moyens de communiquer directement avec leur public (Larocque, 2023).
Ce n’est pas la fin. C’est le début. Ensemble, les auteurs de ce numéro analysent des problèmes fondamentaux, explorent de nouvelles méthodes et proposent des solutions concrètes pour l’avenir. Leur travail constitue une prise de conscience profonde et une réponse collective au fait que le journalisme peut et doit être reconstruit.
Patricia W. Elliott est professeure de journalisme d’investigation et communautaire à First Nations University of Canada et rédactrice en chef de Facts & Frictions. redactrice@faitsetfrictions.ca
Challenging times demand tough inquiry and bold ideas
Introduction to the Spring 2024 issue
Patricia W. Elliott, Editor-in-Chief
Entering 2024, the challenges facing Canadian journalism and journalism education are acute. In February, Bell Canada—a telecom giant that owns radio and TV outlets on the side—laid off 100 media workers and scrapped local weekend and noon news programs at CTV outlets outside Central Canada’s major urban centres (Hudes, 2024). Arriving on the heels of 600 CBC jobs lost at the close of 2023, and the suspension or closure of six Canadian journalism programs, it seemed our discipline was in freefall (Colley, 2024; Benchetrit, 2023). Here in Saskatchewan, where I live and teach journalism at First Nations University of Canada, an especially deflating moment was learning one of our most high profile young Indigenous journalists, CTV Atlantic bureau chief Creeson Agecoutay, was among those laid off (Broadcast Dialogue, 2024). Another noticeable local impact has been the transformation Indigenous Circle, which aired for 24 years as a half-hour weekly CTV broadcast, then was shortened to a weekend news spotlight in 2018, and is now squished in with all the other weekday news at 6 p.m. (Bird, 2024). From Whitehorse to St. John’s, many communitie have experienced their own uniquely painful losses. Throw in a Meta news blockade and thousands of additional job cuts in the U.S., and we have a precarious situation.
It is well established that journalism is foundational to democracy, central to local citizen engagement, and a vital antidote to misinformation and disinformation. Therefore we don’t have an option to throw up our hands and shut the door on the next generation of investigators and storytellers. Now, more than ever, journalism education and research is needed to shine light on problems and explore paths forward. This issue of Facts & Frictions is part of that effort.
Our lead-off article, “Missed opportunities for community engagement: An examination of the government-funded Local Journalism Initiative,” examines Ottawa’s frontline financial intervention in support of local journalism (Konieczna & Giradin, 2024). After analyzing 100 public documents and 240 stories, and conducting interviews at six recipient news outlets, authors Magda Konieczna and Béatrice Girardin conclude the federal program misses an important opportunity to transform local news into a more innovative, inclusive practice. Among the program’s limitations, the authors note, “the language around the LJI focuses on the needs of news organizations themselves, rather than on serving the needs of communities” (p. 19) Government metrics trump community information needs, they observed, resulting in coverage that feeds the existing news diet rather than connecting with new audiences hungry for the stories that are missing, including coverage of geographically and socially isolated communities.
Nonetheless, Knoniecza and Giradin observed local editors pushing the envelope of program constraints. As one example, an LJI-funded journalist did a deep dive into a pressing community issue, producing a 32-part special series on addictions and mental health. However, the decision to spend time on trust-building, in depth, community-engaged research violated the LJI requirement to publish five to seven stories every week and, the editor suspects, was behind non-renewal of their funding, despite the story’s positive impact on government policymakers. A teen-produced podcast is another example, produced under the guidance of the community television umbrella group CACTUS Media, which encouraged LJI-funded journalists to include volunteer-based community media empowerment in their daily practice, though this was not part of the LJI criteria.
The authors argue that the LJI could be more successful at substantially improving the local media landscape if it heeded such examples for doing things differently. Instead, while the LJI funded hundreds of journalists during the period studied, which did result in more local coverage of civic issues, the program’s potential to innovate beyond the status quo was curtailed by limited aims, the article concludes. It is a conclusion worth noting by federal decision-makers, offering valuable advice to guide the program’s recent renewal.
Finding effective ways to revitalize Canada’s expanding news deserts is perhaps never more important. In “From public deficits to public defects: How journalists embraced technocratic explanations for the Post-Truth Era,” Gordon Katic draws our attention to the scourge of misinformation and disinformation that distorts social discourse globally (Katic, 2024). Katic observes that journalists have most commonly framed this phenomenon as the outcome of a non-critical public easily misled by ‘alternative facts,’ who can be drawn back to reality through solid evidence-based journalism. However, when Katic undertook critical discourse analysis of works by six journalists who are significant voices in the misinformation-busting field, an alternate discourse emerged that is less charitable and more pessimistic. Katic coins the term ‘public defect model’ to describe an increasing tendency to frame members of the public as so deeply mired in cognitive bias that they are unable to consider evidence. “This creates an awkward tension; journalists teach a public that they believe incapable of learning,” Katic observes (p. 34). Further, some journalists have turned their critical inquiry away from exposing the manipulative powers behind misinformation and disinformation, instead turning toward the sport of “punching down” at a public they believe has lost the power of reason. Both mindsets place journalists in the role of technocrats whose prime function is to interpolate between rational scientists/experts and an irrational public—and neither mindset serves democracy well, Katic concludes.
It’s one thing to accept that inclusive, community-engaged practices are important to the future of journalism; it’s another to incorporate these concepts in the reality of a news day. Amélie Daoust-Boisvert, Emmanuelle Khoury, and Pierre Pariseau-Legault reflect on the experience of creating Écoute-moi, a two-episode podcast focused on mental health (Daoust-Boisvert et al., 2024). In their research note—“Baladodiffusion et traumas médiatiques : Quels enjeux pour la mise en oeuvre de pratiques inclusives en journalisme ?”—the Écoute-moi project is described as an attempt to bridge grassroots participation and journalistic innovation. The authors reflect on the experience of gathering an interdisciplinary team of participants, including journalists, social workers, and community members, to create the podcasts together. Establishing a collaboration that satisfied all participants proved difficult, the authors note, made more so in the midst of a pandemic. In post-project evaluations, some participants stated the expectations of the various participant groups differed, leading to tension. On reflection, it was clear that simply including people who have experienced mental health challenges is not enough to ensure their full participation, or to provide sufficient redress for the past trauma of unbalanced, stigmatizing media coverage. In this sense, the experiment provided a valuable learning opportunity; the project facilitated a dialogue between worlds that would not have otherwise occurred, the authors write.
In addition to exploring innovative practices, journalism researchers play a crucial role in tracking media changes. The Local News Research Project, for example, employs crowd-sourcing to map media closures and launches alike (Local News Research Project, 2024). Tyler W.S. Nagel adds to the toolkit with “Knowing their news: Library workers as informants to journalism studies research,” which describes the author’s outreach to rural Alberta libraries (Nagel, 2024). Through 88 study responses, Nagel found librarians not only have the hard data of which rural newspapers are still printing, but they hold important contextual information, such as whether or not the journalists live locally, an important indicator of substantive media presence. The study also uncovered rural newspapers Nagel was previously unaware of, and provided insights into local attitudes about the quality of news coverage. This helps create a more well-rounded picture, beyond a list of publications. “The methodology in this article proves library workers as viable informants to a national census” Nagel suggests. “If paired with other research techniques such as industry listings, media searches, and snowball techniques, and subjected to verification, the knowledge of library workers offers an important cornerstone in a large-scale project” (p. 50).
To bring this introduction full circle, I am reminded of W5, CTV’s highly successful investigative journalism program. Since 1966, W5 unflinchingly held power to account, until its abrupt cancellation (or “evolution,” in corporate-speak) sent shockwaves across the country in February (Gheciu, 2024). W5 offered the style of journalism that Cecil Rosner highlights in his latest book, Manipulating the Message: How Powerful Forces Shape the News, reviewed by Tracy Sherlock. Sherlock writes that Rosner’s book is a warning: “support journalism and media literacy or live with the consequences” (Sherlock, 2024, p. 55). Describing the challenges facing today’s journalists, Rosner takes hope in growing reader support for independent journalistic enterprises like The Narwal, The Tyee, and Canada’s National Observer, which offer alternative business models and editorial approaches.
Indeed, innovation is also part of the story of 2024 so far. New media enterprises are launching high quality journalism initiatives, and new audiences are forming. Journalism schools are revamping and re-emerging. New programs are being launched, too, such as the first-ever Bachelor of Arts in Indigenous Journalism and Communications unveiled in March at First Nations University. Collaborative investigations are a rapidly expanding field. Further, the public is beginning to push back against the distorting impacts of social media, including a recent lawsuit brought forward by four Canadian school boards against social media companies, based on the cost of managing the outcomes of social media harms (Maharaj, 2024). And while Meta’s news ban continues in Canada, media outlets are rediscovering ways to connect directly with their audiences (Larocque, 2023).
This is not the end. This is the beginning. Together, the authors in this issue analyse core problems, explore new methods, and propose concrete solutions for the future. Their work stands as a deep reckoning and a collective response that journalism can and must be built anew.
Patricia W. Elliott is a professor of investigative and community journalism at First Nations University of Canada and editor-in-chief of Facts & Frictions. editor@factsandfrictions.ca
References
Broadcast Dialogue (2024, February 22). The weekly briefing: Revolving door. Broadcast Dialogue. https://broadcastdialogue.com/twb-rsa-022224/
Benchetrit, J. (2023, November 21). As journalism programs across Canada face low enrolment, schools hit pause to modernize. CBC News. https://www.cbc.ca/news/canada/journalism-schools-low-enrolment-1.7029160
Bird, N. (2024, February 19). Indigenous Circle: Feb. 19. CTV. [Video] https://regina.ctvnews.ca/video?clipId=2869911 at 00:02:56
Colley, M., with files from Canadian Press (2024, February 26). Vice, Bell Media, CBC: Here’s a look at recent media layoffs in Canada. Toronto Star. https://www.thestar.com/business/vice-bell-media-cbc-heres-a-look-at-recent-media-layoffs-in-canada/article_1eac64d4-d4be-11ee-be44-3f51424004c7.html
Daoust-Boisvert, A., Khoury, E., Pariseau-Legault, E. (2024). Baladodiffusion et traumas médiatiques : Quels enjeux pour la mise en œuvre de pratiques inclusives en journalisme ? Faits & frictions : Débats, pédagogies et pratiques émergentes en journalism contemporain, 3(2), 62-67. http://doi.org/10.22215/ff/v3.i2.03
Gheciu, A.N. (2024, February 9). ‘Depressing’ to see ‘W5’ affected by Bell Media cuts, says former host Kevin Newman. Canadian Press/Winnipeg Free Press. https://www.winnipegfreepress.com/arts-and-life/entertainment/celebrities/2024/02/09/depressing-to-see-w5-affected-by-bell-media-cuts-says-former-host-kevin-newman
Hudes, S. (2024, February 8). Bell ends some CTV newscasts, sells radio stations in media shakeup amid layoffs. Canadian Press. https://www.thecanadianpressnews.ca/business/bell-ends-some-ctv-newscasts-sells-radio-stations-in-media-shakeup-amid-layoffs/article_4c5b8388-effc-5ecd-a8d4-a4a7409f1969.html
Katic, G. (2024). From public deficits to public defects: How journalists embraced technocratic explanations for the Post-Truth Era. Facts and Frictions: Emerging Debates, Pedagogies and Practices in Contemporary Journalism, 3(2), 22-38. http://doi.org/10.22215/ff/v3.i2.05
Konieczna, K., Girardin, B. (2024). Missed opportunities for community engagement: An examination of the government-funded Local Journalism Initiative. Facts and Frictions: Emerging Debates, Pedagogies and Practices in Contemporary Journalism, 3(2), 8-21. http://doi.org/10.22215/ff/v3.i2.04
Larocque, C. (2023, August 5). How to work around big tech’s blocking of Canadian news content. Nunatsiaq News. https://nunatsiaq.com/stories/article/how-to-work-around-big-techs-blocking-of-canadian-news-content/
Nagel, T.W.S. (2024). Knowing their news: Library workers as informants to journalism studies research. Facts and Frictions: Emerging Debates, Pedagogies and Practices in Contemporary Journalism, 3(2), 68-75. http://doi.org/10.22215/ff/v3.i2.01
Sherlock, T. (2024). [Review of the book Manipulating the Message: How Powerful Forces Shape the News, by Cecil Rosner]. Facts & Frictions: Emerging Debates, Pedagogies, and Practices in Contemporary Journalism, 3(2), 76-78. http://doi.org/10.22215/ff/v3.i2.02
Cite this article
Elliott, P.W. (2024). Challenging times demand tough inquiry and bold ideas. Facts & Frictions: Emerging Debates, Pedagogies and Practices in Contemporary Journalism, 3(2), 1-4. http://doi.org/10.22215/ff/v3.i2
Elliott, P.W. (2024). Les temps difficiles exigent des enquêtes rigoureuses et des idées audacieuses. Faits & frictions : Débats, pédagogies et pratiques émergentes en journalism contemporain, 3(2), 5-7. http://doi.org/10.22215/ff/v3.i2
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